J’ai en fait deux problèmes principaux : Les troubles cognitifs intermittents et une profonde fatigue (ou asthénie pour nos très chers médecins).
Pour les troubles cognitif, il n’y a pas grand-chose à faire à part le traitement systémique que je m’astreint à bien suivre régulièrement (3 oubli en trois ans c’est quand même pas si mal). Par contre pour la fatigue que nos très chers médecins ont beaucoup de mal à prendre en compte, il peut y avoir un facteur comportemental. Il y a donc une possibilité d’action de ma part. En bon scientifique que je suis ma première réaction est de vouloir mesurer les choses, avoir des données quantitatives pour chercher l’impact de différentes actions. D’où la recherche d’une solution pour pouvoir mesurer mon sommeil.
J’avais déjà fait une première tentative il y a 4 ans environ, avant que la sarcoïdose ne soit diagnostiquée quand il n’y avait que le problème d’asthénie et que les médecins après quelques recherches infructueuses m’avaient renvoyés chez un psy. Le but à l’époque était de vérifier l’hypothèse de mouvement périodique des jambes troublant le repos. J’avais pour cela essayé d’utiliser notre caméscope numérique qui est doté d’un capteur infrarouge pour filmer mon sommeil… Ce qui n’avait rien donné puisque seule début de la nuit avait été enregistré, le caméscope s’arrêtant assez vite faute de batterie.
J’ai bien envisagé de noter moi-même mes durées de sommeil mais c’est difficile, surtout quand on a des problèmes d’endormissement et d’insomnies : Le fait de noter l’heure d’endormissement juste quand on est en train de s’endormir risque de vous réveiller et c’est pareil en cas d’insomnie, on va pas se forcer à se réveiller pour noter l’heure quand on contraire on cherche à se rendormir rapidement pour éviter l’insomnie. En plus il est difficile de savoir la durée réelle d’une insomnie ; quelque fois il m’arrive d’avoir deux phases de réveil très nets pendant la nuit mais de dormir sans m’en apercevoir entre les deux. Bref il fallait un outil qui mesure ça de façon non subjective.
Donc maintenant deuxième tentative, cette fois-ci avec un outil dédié : la montre Sleeptracker.
Sur le papier c’est séduisant : une montre doté d’un accéléromètre qui mesure vos mouvement pendant la nuit, en déduit les phases de sommeil léger où le réveil est plus facile et donc vous réveille au bon moment par rapport à votre cycle. Et bien sur la fonction qui m’intéresse le plus : la possibilité de voir les différentes phases de sommeil et donc voir les insomnies et mesurer la durée réelle de sommeil.
Par contre le prix est assez astronomique : 166,9 € frais de port inclus ! Pour ce prix là de nos jour on a un smarphone android qui non seulement aura un accéléromètre, un vibreur et un réveil mais également un téléphone, un gps, un baladeur mp3, un écran tactile 3 pouces, un appareil photo d’un résolution raisonnable, une radio FM, des liaisons sans fil bluetooth et wifi, le tout doté de 180 Mo de mémoire…
J’ai pas mal hésité ! J’ai également regardé la solution fitbit qui est moins cher (100 €) mais qui est beaucoup plus orientée vers la mesure d’activité (à la base c’est un podomètre) et perte de poids. En particulier la solution fitbit n’a pas de fonction de réveil et cela m’a décidé pour Sleeptracker en me disant que si un jour je peux reprendre le boulot, la fonction réveil me sera utile. J’ai donc fini par franchir le pas et commandé en ligne.
Au niveau commande et livraison : rien à dire, j’ai reçu le colis dans les délais indiqués, pas de problème, c’est assez rapide et efficace.
J’avais déjà vu que la mémoire ne pouvait inclure que les données d’une nuit. C’est une limitation assez contraignante car cela impose de charger les données tous les jours sur l’ordinateur… En particulier quand on n’est pas chez soi c’est potentiellement problématique, on perd les données, cela interrompt le suivi. C’est d’autant plus dommage qu’on voit bien que ce n’est pas un problème de prix : on trouve des cartes mémoire de 2 Go pour des prix public inférieurs à 5 euros. Et avec 2 Go, je peux vous assurer qu’on peux largement stocker les données d’au moins un mois de sommeil (mettons qu’on a une mesure par minute ce qui semble amplement suffisant, ça fait 43 200 mesures à stocker soit 46 Ko/mesure, en fait on peut même envisager sans problème de stocker un an de mesure). Même les 180 Mo de mémoire du smartphone cité ci-dessus sont amplement suffisants. C’est une limitation très contraignante et qui m’a également fait hésiter avant l’achat mais finalement j’ai pensé que vu que je n’ai que ça à faire (ou presque) et que je suis la plupart du temps chez moi (sauf voyage pour consultation, rares visites à la famille et une partie des vacances de ma femme), ce ne serait pas rédhibitoire.
Un des gros avantages que j’avais identifié par rapport au concurrent fitbit c’était qu’un logiciel était fournit pour analyser les données en local mais impossible de voir le logiciel avant achat. Il me semble même avoir vu quelque part que les données étaient stockées sous Access et donc accessible pour une analyse externe. Vu que je maîtrise pas mal Access, c’était un avantage important pour moi. Déception là encore. Le logiciel fourni actuellement ne permet que de transférer les données sur le site du fournisseur et de faire une analyse sommaire en ligne. Le fait que l’analyse soit sommaire n’est pas trop un problème du moment que je peux récupérer les données. C’est un peu contraignant car il faut que je les recopie moi-même pour pouvoir les croiser avec d’autres infos (mesure de fatigue, conditions de sommeil) pour faire des statistiques mais c’est possible et de toute façon l’autre alternative n’était pas mieux puisque également tout en ligne. Ce qui me contrarie par contre, c’est que du coup je deviens dépendant de la pérennité de la société qui produit ces montres : si elle fait faillite, je n’aurais plus accès à mes données et aucun moyen de récupérer des nouvelle mesures (hormis de faire un gros travail de reverse engineering que je suis incapable de faire). Pas top, surtout pour une petite société située au US sur laquelle d’ailleurs il est difficile d’avoir des infos.
J’avais également repéré qu’il fallait indiquer à la montre l’heure de coucher, une demi-heure avant l’heure d’endormissement. Cela me parait complètement débile, la montre est doté d’un accéléromètre et est censée pouvoir faire la différence entre les moments où on est éveillé et les moments où on dors. Elle devrait donc pouvoir détecter elle-même l’heure d’endormissement ce qui serait beaucoup plus précis que de régler l’heure en se couchant. Là encore c’est pas optimal mais ça ne semblait pas rédhibitoire d’autant qu’il y a un moyen simple de fixer l’heure d’endormissement à l’heure courante + 30 minutes. Le fait qu’on lui indique qu’on se couche pour qu’il commence à enregistrer les données semble raisonnable, par contre le fait de prévoir l’heure d’endormissement est assez étrange et lève un doute sur la fiabilité des mesures (que se passe-t-il si en fait on s’endort avant les 30 minutes indiquées ?).
Au niveau de la montre elle-même, elle est nettement plus grosse qu’une montre normale mais c’est pas choquant et pas rédhibitoire. Le design est sobre, pas grand chose à dire. Par contre le bracelet plastique me parait un peu cheap, j’espère qu’il tiendra dans le temps.
Mais c’est surtout au niveau de l’utilisation que la déception est venue :
La première nuit a été un peu chaotique : insomnies importantes. Du coup, vu qu’on était en week-end, j’ai voulu décaler l’heure de réveil pendant mon insomnie donc après le déclenchement de l’heure d’endormissement et après avoir dormi une partie de la nuit. Je ne sais pas si c’est ça ou autre chose, toujours est-il que la montre n’a rien enregistré de le nuit : comme données j’ai juste eu l’heure d’endormissement et l’heure de réveil avec un grande phase de sommeil profond entre les deux (alors que j’ai ou des phases où j’étais parfaitement éveillé entre les deux).
Deuxième problème : si on se réveille avant le déclenchement du réveil, ce qui est potentiellement souvent le cas des personnes ayant des problèmes de sommeil, il n’est pas possible de l’indiquer à la montre pour qu’elle arrête l’enregistrement. Je n’ai pas encore eu le cas mais ça ne devrait pas tarder, on va voir comment ça se passe mais à priori vu les données du site et la conception générale du produit, j’ai de bonnes raisons de croire que ça va fausser les résultats.
Visiblement il est également impossible de dire à la montre d’enregistrer les données après le déclenchement du réveil, si par exemple on décide de se rendormir. Donc dans ce cas là également les données seront foireuses puisque ne prenant pas en compte le temps de sommeil supplémentaire après le déclenchement du réveil.
Troisième problème : Comme j’avais mal dormi la nuit, j’ai voulu faire une petite sieste pour récupérer. J’ai voulu utiliser la montre pour me réveiller car se réveiller d’une sieste c’est toujours un peu délicat et il faut éviter de trop dormir pendant la sieste si on veut pouvoir dormir correctement la nuit suivante. J’envisageais une petite sieste de 20-30 minutes. Problème : avec l’heure d’endormissement à t + 30 minutes, ça marche pas top. Du coup j’ai été réveillé à l’heure indiquée pour le réveil en plein sommeil profond à priori et le réveil a été aussi dur qu’avec un réveil normal. A noter également qu’il faut absolument pas charger les données de la sieste sur l’ordinateur, le programme n’est pas conçu pour ça et les données sont agrégées aux données de la nuit selon un principe étrange : il considère qu’on a dormi profondément entre le réveil du matin et l’endormissement de la sieste : Bilan des données encore plus foireuses qu’au départ avec une durée totale de sommeil estimée à 12,6 heures dont 93% de sommeil profond !
Bref, tout ça est lié au fait que l’enregistrement n’est pas continue et est limité à quelques heures. Ce qu’il faudrait vraiment c’est un système qui enregistre tout seul en permanence si on est éveillé ou endormi, qui enregistre les données sur une longue période (supérieure à une semaine puisqu’on peut facilement ne pas avoir accès à son ordinateur pendant une semaine) et permette de charger les données ensuite de manière intelligente (en ne rechargeant que les données pas encore chargées).
La deuxième nuit a été plus concluante : j’ai eu des insomnies mais sans aller jusqu’à me lever – le type d’insomnies où on sait qu’il y a eu plusieurs périodes d’éveil avec reprise de conscience nette mais sans pouvoir dire si ces périodes ont été entrecoupées de sommeil ou de somnolence. J’ai bien réglé l’heure d’endormissement, j’ai pas décalé l’heure de réveil donc les données ont été enregistrées correctement. Le réveil s’est bien déclenché un peu avant l’heure demandé et dans la période de réveil indiquée. Donc au niveau de la fonction réveil, pas de problème. Au niveau des données ça semble intéressant : on retrouve bien la phase d’endormissement, on voit bien différentes phases avec alternance de phase de sommeil léger, de sommeil profond et de très courtes phases d’éveil dans la première partie de la nuit. On voit aussi des phases d’éveil (ou d’interruption comme ils disent sur le site) plus longues à partir de 4h du matin, ce qui correspond bien aux insomnies ressenties. Ce qui est intéressant c’est que ça confirme que ces phases d’insomnies ne sont pas continues mais entrecoupées de phases de sommeil. Donc dans ces cas-là, il faut vraiment mieux rester au lit puisqu’il y a bien des alternances d’insomnies et d’éveil alors que si je me lève je n’aurai que de l’éveil. Par contre c’est au niveau de l’analyse faite par leur logiciel que je suis perplexe : J’ai donc eu 3 phases d’interruption chacune durant entre 20 et 30 minutes. La durée totale de mesure étant de 8h40 la durée de sommeil hors insomnies est donc nettement inférieure à 7h, 6,8 heures selon mes calculs basés sur leur pourcentage d’interruption. C’est totalement insuffisant pour moi et cohérent avec la sensation de fatigue au réveil (et le reste de la journée aussi d’ailleurs). Pourtant leur « score de sommeil » affiché sur le site qui est censé être une évaluation globale de la qualité de sommeil est affichée à 90 ce qui est qualifié d’excellent ! Personnellement une nuit d’un peu plus de huit heure avec trois insomnies d’une demi-heure j’ai du mal à qualifier ça d’excellent.
A noter aussi un joli contresens de traduction en Français de leur site : le sommeil « léger » est indiqué en Français comme « lumière ». Il est vrai que l’anglais « light » peut selon le contexte avoir les deux significations, dommage que visiblement aucun francophone n’ait contrôlé la traduction.
Au niveau de la troisième nuit, c’est un peu pareil que la deuxième : Des alternances de sommeil léger et profond avec des « interruption » assez longues et nombreuses. Là encore, je calcule une durée totale de 6,47 heures et là encore le score de sommeil est de 86 ce qui est qualifié de « bon » - en désaccord complet avec mon ressenti. A noter que j’avais demandé un réveil par vibreur et que j’ai eu un réveil par vibreur + sonnerie ce qui n’est pas top vu que ça a réveillé ma femme avant son réveil.
Au niveau de la quatrième nuit (la nuit dernière) ça a complètement foiré. J’ai eu une vrai insomnie de plusieurs heures où je me suis mis à lire avant de me rendormir et dont je connais donc la durée et l’heure approximative et j’étais curieux de voir comment ça apparaîtrait dans les données…. Mais j’ai été très déçu. D’une part le réveil ne s’est pas du tout déclenché. J’ai été réveillé par ma femme lorsqu’elle a fait du bruit après s’être levée. Enfin quand j’ai téléchargé les données, j’ai obtenu les données de la veille avec juste un décalage des données de début et fin de sommeil ! Bien entendu aucune trace de mon insomnie.
Donc visiblement il y a gros problème de modification intempestif du mode réveil pendant la nuit : deux fois de suite le réglage au matin était différent du réglage du soir avec pour conséquence dans le deuxième cas, l’absence de la fonction réveil et un enregistrement des données foireux.
J’ai vérifié dans la notice, effectivement si pour l’essentiel des réglages il faut un appui long sur l’un des boutons avant toute modification, pour le réglage du mode de réveil il suffit d’un appuis court sur un autre bouton quand la montre est dans le bon mode – et le changement de mode se fait par appuis court sur un bouton. Compte tenu de la taille des boutons, visiblement il y un problème de dérèglement involontaire. C’est donc pas fiable du tout ce qui est vraiment très problématique pour un réveil. Moi je ne travaille pas donc c’est pas trop grave mais j’imagine que le cœur de cible de ce produit, le salarié qui a du mal à sortir du lit, va avoir du mal à être convaincu car l’explication à son chef comme quoi la montre s’est déréglée pendant la nuit risque d’avoir du mal à passer.
Bref leur montre enregistreuse de sommeil c’est pas du tout au point et c’est bien dommage car ça aurait été bien pratique. Du coup j’hésite à faire valoir mon droit a l’annulation d’achat vu que c’est un achat par Internet et que le délais légal de 7 jours n’est pas écoulé. D’un autre coté j’ai quand même eu deux enregistrements corrects sur 4 et il n’y a pas vraiment d’alternative… Je crois que je vais refaire une tentative et si ça foire encore, je la renvoie.
A j’oubliais : Le temps de réponse de leur site de visualisation des données est vraiment lent : c’est bête mais il faut du temps pour acheminer les données depuis l’Alaska. Bref un petit outil en local ça aurait pas coûté plus cher et ça aurait été beaucoup plus pratique.